Biographie > Années 1948 à 1952 > 1950





anvier : trois Norma à Venise; février: deux Aida à Brescia; cinq Isolde et cinq Norma à Rome. Durant les représentations, la firme discographique EMI propose un contrat d'exclusivité à une Callas enthousiaste qui demande néanmoins à réfléchir.

Mars: quatre Norma à Catane. Et la Scala dans tout cela? Pas le moindre signe. Avant le départ de Maria pour le premier de ses trois séjours désormais célèbres au Palacio de las Bellas Artes de Mexico, la Scala téléphone enfin! Renata Tebaldi, souffrante, doit être remplacée. Maria Meneghini-Callas est-elle libre ?

Les 2, 15 et 18 avril, elle chante, sans enthousiasme, trois Aïda dans le temple milanais. Mais les sentiments d'Antonio Ghiringhelli, directeur de la Scala, restent tièdes envers Callas.
Pire : Ghiringhelli pressent que Callas n'est pas du genre à se laisser manipuler. Il va la détester dès le premier jour. La réception est polie, mais l'Aida milanaise n'est pas un triomphe. Que faire si le plus grand théâtre lyrique du monde lui ferme ses portes ? Le grand Arturo Toscanini semble la seule personne à pouvoir fléchir l'attitude arrogante de la direction. Un simple spectateur, fan des premiers jours, Luigi Stefanotti, a parlé plusieurs fois de Callas avec Toscanini.

Meneghini demande alors à Stefanotti d'organiser la rencontre entre son épouse et le maestro. Nerveuse, Callas se présente le 27 septembre à Milan, via Durini. Toscanini, qui a quatre-vingt-trois ans, désire rendre, l'année suivante à la tête de l'orchestre de la Scala, un hommage à Verdi à Busseto, près du village natal du compositeur, pour le cinquantième anniversaire de sa mort. Meneghini rapporte les rebuffades que sa femme à essuyées avec Ghiringhelli. " C'est un âne qui ne connaît rien ", réplique Toscanini. Le chef a ouvert sur le piano la partition de Macbeth. " Vous êtes la femme que j'espérais trouver depuis longtemps, je veux utiliser votre voix ! "

Après avoir auditionné Maria, Toscanini ajoute : " Je ferai Macbeth à Busseto avec vous! Néanmoins, j'ai entendu que Sicialiani vous propose le rôle aussi pour Florence. Évidement, vous refusez... "

Réalisation Graphique - ORB DESIGN - orb@free.fr

Le plus grand des chefs ne s'est pas fait un ami en imposant Callas. Ghiringhelli envoie le contrat, mais en coulisse favorise Victor de Sabata, qui s'apprête à occuper le poste de directeur artistique de Mario Labroca, et désire diriger Macbeth à la Scala.

En attendant, Callas poursuit sa carrière. Au retour de Mexico, elle reprend Tosca au Théâtre Duse de Bologne en septembre, puis en octobre à Pise, pour une de ses rares apparitions dans le rôle en Italie. Elle chante une simple Aïda à l'Opéra de Rome et aborde dans la foulée son premier rôle rossinien au Théâtre Eliseo, Fiorilla dans le Turc en Italie. Grâce à ce rôle bouffe, elle fait la connaissance du chef Gianandrea Gavazzeni, mais c'est là aussi que Callas rencontre Luchino Visconti, le célèbre metteur en scène, qui est membre de l'Anfiparnaso, groupe d'artistes et intellectuels de gauche, responsable de la résurrection rossinienne.

Ce n'est pas tant l'idéologie de Visconti qui séduit Callas que son érudition aristocratique. Callas aura toute sa vie un complexe d'éducation. Sans qu'elle le sache, c'est Visconti qui -surprise-, après l'avoir entendue dans la Kundry de Parsifal l'année auparavant, propose le nom de Callas pour ce rôle bouffe ! Visconti allait devenir, après Elvira de Hidalgo et Tullio Serafin, la troisième influence artistique de Callas.

Durant ce séjour romain, Callas travaille un nouveau grand personnage verdien. L'Opéra de Rome puis le San Carlo de Naples l'attendent pour être Elisabeth de Valois dans Don Carlos. Comme ce sera souvent le cas dans sa carrière, la santé de Callas se rebelle et une jaunisse renvoie le projet. A cette époque, les lettres d'Evangelia lui réclament de l'argent. Plus le courrier de sa mère abonde, plus Callas se rapproche de son père. Elle invite celui-ci à la rejoindre dans sa prochaine tournée à Mexico. Entre-temps, une version de concert de Parsifal sous la direction de Gui, toujours à Rome, clôt l'année artistique de Callas, les 20 et 21 novembre, et met un point final à sa carrière wagnérienne.

1951 > 1952

Home Page
1950
1948 > 1949 > 1951 > 1952