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inancièrement, les États-Unis offrent de formidables possibilités. Meneghini le sait mieux que personne et veille sur les cachets de sa femme. Désormais, Callas touche ici autour de 180 000 francs par représentation. Convoquée à Chicago par la justice américaine pour le procès avec Bagarozy, Maria joint l'utile au désagréable. Elle accepte un grand concert organisé par l'Alliance française.

Rencontre au sommet: cette soirée doit être dirigée par Karl Bôhm. Aux premières répétitions, Maria, qui ne connaît pas le chef autrichien, se permet quelques remarques sur l'exécution de certains passages. " Je suis un chef d'orchestre, pas un accompagnateur ", rétorque Bôhm! Le lendemain, Fausto Cleva le remplace. On dit que Callas touche l'équivalent de 360 000 francs! De retour en Europe, Maria retrouve son cher Covent Garden après plus de trois ans d'absence pour deux Norma légendaires. Rudolf Bing, témoin du délire qui s'empare de la salle et des Anglais, envoie un télégramme de félicitations sincères. Maria répond en retour: " J'admets qu'au Met je n'étais pas en forme. Je suis absolument désolée de n'avoir pu vous donner ce que d'autres théâtres ont eu. J'espère parvenir la prochaine fois. "

A Londres, Callas réalise l'intégrale du Barbier de Séville puis rejoint Milan mi février pour retrouver la Scala. Reprise de la Somnambule et dans la foulée enregistrement de l'opéra de Bellini. Elle va surtout préparer deux nouvelles productions avec Luchino Visconti : Anna Bolena de Donizetti et Iphigénie en Tauride de Gluck. Meneghini n'avait jamais cessé de répondre aux lettres adressées par le metteur en scène à Maria, pour préserver le contact: "Après avoir évité Visconti durant deux années, à la suite d'une stupide querelle autour d'une histoire d'intoxication alimentaire au cours de l'un de nos dîners, Maria était prête à retrouver son metteur en scène. "

Elle le fera en état de grâce. Gino Marinuzzi, un chef prestigieux, avait dit un jour à son collègue Gianandrea Gavazzeni : " le jour où l'interprète idéale arrivera, il faut faire la Bolena ! " Des années plus tard, lorsque Gavazzeni assiste à une représentation de l'opéra de Donizetti à Bergame interprétée par une troupe de jeunes chanteurs, il réalise que L'œuvre sera le parfait véhicule pour Callas. De plus, Visconti est intéressé. Le résultat est le début, surtout le sommet de la " Donizetti renaissance ". Aujourd'hui encore. cette Bolena du trio Callas-Visconti-Gavazzeni reste la référence moderne de l'interprétation des opéras du début du romantisme.

Lors des débuts viennois de Callas au Staatsoper, un an auparavant, la direction lui avait proposé sept Traviata. La date : juin 1957. Callas accepte mais réclame un cachet supérieur aux Lucia. Karajan, accepte verbalement. Mais lorsque le contrat arrive tardivement, le montant est le même que celui des Lucia. Maria refuse. A Vienne, c'est le scandale. A Milan, cest la joie!

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De toute façon, en juin 1957, Callas est la raison d'être d'Iphigénie en Tauride dirigée par Nino Sanzogno et mise en scène par Luchino Visconti. Pour leur dernière collaboration, la diva et l'esthète crèvent le plafond du goût. A regarder le classicisme du spectacle, les noms de Bibiena et de Tiepolo viennent à l'esprit. L'art est au rendez-vous, le succès est d'estime. Ni Callas ni Visconti ne savent qu'ils se sépareront artisti-quement après 4 représentations.
Visconti a d'autres idées. Mais Callas, fatiguée, lui refuse Carmen de Bizet (" Je ne saurai jamais danser comme une gitane ") et Salomé de Strauss (" Je ne me déshabillerai jamais en scène "). Visconti propose même le Chevalier à la rose: (" Je ne chanterai jamais en allemand. ") Dommage! La fin de la décennie prodigieuse approche.

Derniers feux.
Callas honore ses contrats avec la Scala en tournée : la Somnambule d'abord à Cologne, puis au Festival d'Édimbourg. En Écosse, le succès est tel que la direction de la Scala décide une représentation supplémentaire. Callas, fatiguée, refuse et laisse le rôle d'Amina à sa doublure, la jeune Renata Scotto. Le soir de cette représentation, Callas est à Venise où elle rencontre Aristote Onassis pour la première fois. Elle prend part à un bal masqué donné par la commère américaine Elsa Maxwell, qui se gausse devant les journalistes du fait que Callas a annulé Edimbourg pour pouvoir être présente à sa soirée ! Faux, mais Ghiringhelli se tait et ne cherche pas à éclaircir la situation. Résultat : un scandale de plus, mais bien injuste.

De retour à Milan, Maria enregistre les intégrales de Turandot et Manon Lescaut de Puccini. Callas retrouve Athènes pour un grand concert au Théâtre Hérode Atticus. Toujours fatiguée, elle repousse la date prévue. Scandale toujours, envenimé cette fois par les déclarations sulfureuses de sa mère. Pourtant, le soir du 5 août, Callas est étincelante. Constantin Karamanlis, le Premier ministre, demande à Maria de bisser l'air de la folie d'Hamlet. Epuisée, en septembre, Maria annule ses débuts à l'Opéra de San Francisco. Son directeur, Kurt-Herbert Adler, alerte l'American Guild of Musical Artists et tente de faire interdire Callas aux États-Unis. Après quinze jours de repos, Callas enregistre la Medea de Cherubini à Milan.

Lawrence Kelly, qui a quitté Chicago, dirige désormais l'Opéra de Dallas. Il propose en novembre un autre concert géant à Callas. Un triomphe sans réserve qui la réhabilite en Amérique. Callas a encore maigri, elle ne pèse plus que 58 kilos! Pour clore l'année, elle ouvre le 7 décembre la saison de la Scala avec Un bal Masqué de Verdi.
Gavazzeni, qui est dans la fosse, dira : " Elle saisit comme personne le désespoir extrême d'une femme dont le destin ne peut être éclairci. Née avec un sixième sens, Callas sait différencier les styles d'expression : Rossini de Bellini, Donizetti de Verdi et même Verdi de Verdi! "

> épilogue

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